Abre los ojos
The end. Déjà ? Oui… Le voyage, c’est connaître la fin avant l’heure, c’est savoir quand l’on part avant d’être parti. La fin d’un voyage n’est pas un avion qui décolle, c’est un voyageur qui regarde ses pas. Je déteste les départs, je déteste les fins, elles n’ont plus le goût de rien pour moi ; elles sont juste le regret avant l’heure. Rien de pire. Regretter, être nostalgique : c’est la vie qui se dessine derrière nous. Mais regretter avant d’avoir fini, juste parce que l’on sait que cela va finir, ce sont comme des adieux qui s’éternisent. Je préfère les fins brutales. Le noir de l’écran puis soudain la lumière de la salle de cinéma, les dernières lignes qui vous tiennent en haleine puis cette ultime page blanche qui n’est là que pour témoigner du vide. Ces coupures directes comme pour vous dire « passe à autre chose ». Mais la frustration du voyage, c’est de vivre tout en sachant que l’on ne fait que passer. Marcher, en se préparant à la fin. Si je ferme les yeux et que je pense au voyage, je pense à des empreintes...des pas qui s’inscrivent sur la terre, des pas qui témoignent. Pourquoi prendre tant de photos, ramener des choses ? Matérialiser le souvenir, se dire que ce que l’on a vécu n’est pas qu’une abstraction mais quelque chose que l’on peut prendre dans ses mains, et sentir le parfum du passé.
Se dire que plus jamais. Comment? Comment se dire que les personnes que l'on rencontre où que l'on ne fait que croiser, les lieux où l'on va et où l'on reste pour un temps vont n'être que souvenirs, qui s'effaceront eux mêmes, au fil du temps? Je ne peux me résoudre à ces dernières fois. Je n'aime pas ce que je quitte car je veux le rattraper d'autant plus. L'éloignement, le vide, et une main tendue vers ce qu'elle ne peut plus saisir. Les yeux grands ouverts, le paysage, mais plus de sensations. Profite! C'est ce que j’entends autour, ce que je devrais faire. Mais ce mot n'a pas de sens, être conscient que l'on profite, c'est déjà savoir que l'on aura plus. Profiter, véritablement, c’est juste oublier que…se bercer dans l’illusions du toujours, imaginer un océan lorsqu’on heurte le bord d’un lac. Je voudrais juste pour toujours, fermer les yeux et pouvoir sentir encore le soleil californien.
Ouvre les yeux…ouvre les yeux…